Le baume de copahu



Depuis quelques années, le baume de copahu (ou baume de copaïba) a fait son apparition parmi les matières et les notes revendiquées par les marques de parfum. Voici une petite liste de parfums dont les descriptifs commerciaux indiquent cette matière :
  • Aouda (Comptoir Sud Pacifique, 2009)
  • Bois d'Arménie (Guerlain, 2006)
  • Bois d'Ombrie (Eau d'Italie, 2007)
  • Cerruti Si (Cerruti, 2003)
  • Kingdom (Alexander Mc Queen, 2003)
  • Pure Oud (By Killian, 2009)
  • Songes (Annick Goutal, 2006)
  • et sans oublier Bois de Copaïba (Parfumerie Générale, 2006) qui se réfère au copahu dans son nom.

Le baume de copahu est à la base une oléorésine extraite de différentes espèces d'arbres sud-américains du genre Copaifera (copaïers). Il suffit de forer un trou dans le tronc de ces arbres et d'y insérer un tube pour récolter le baume qui s'en écoule. Cette oleorésine peut être distillée à la vapeur pour obtenir une huile essentielle.

Le baume de copahu, qui a été décrit en Europe pour la première fois au début du XVIIème siècle, fait partie de ces produits qui sont passés de l'armoire du pharmacien à la palette du parfumeur. En effet, ses vertus thérapeutiques sont nombreuses, à la fois anti-inflammatoire, antiseptique, cicatrisant, expectorant, antirhumatismal et j'en passe. Au XIXème siècle, le copahu était le traitement de référence pour les maladies vénériennes courantes telles que la blennorragie ou les urètrites. Mais l'arrivée de la pénicilline et des autres antibiotiques au XXème siécle a poussé le copahu vers la sortie de la pharmacopée.

Mais quel est le profil olfactif de cette matière ?

Le baume de copahu a du mal à trouver sa famille olfactive : il est généralement décrit comme boisé, épicé, résineux avec une nuance aromatique. L'odeur a une intensité modérée, assez douce.

  • Le caractère boisé : dans ce domaine le baume de copahu serait à rapprocher du santal, il en a quelques accents. L'alpha-santalol, une molécule caractéristique du parfum du bois de santal est présente en petite quantité dans le baume de copahu.
  • Le caractère épicé : la molécule principale du baume de copahu est le beta-caryophyllène (autour de 50%). C'est une molécule qui participe à l'arôme du poivre, elle est présente dans l'huile essentielle de poivre noir (jusqu'à 20%), mais aussi dans celle de clou de girofle.
  • Le caractère résineux : même si l'on parle de « baume » de copahu, son parfum n'est pas ouvertement balsamique, si l'on prend comme référents dans ce domaine le benjoin ou les baumes du Pérou et de Tolu. Cependant, on peut rapprocher le copahu de la myrrhe, par une facette résineuse un peu amère.
  • La nuance aromatique : le copahu présente en tête une facette évoquant une combinaison menthe- eucalyptus assez médicamenteuse, mais cela est très ténu.

L'ensemble peut évoquer une odeur douce de sève d'arbre, boisée et résineuse. Tam Dao, le parfum de Dyptique me rappelle d'ailleurs dans son déroulement ce baume de copahu, bien qu'il ne soit pas cité dans sa composition (il est fort possible qu'il n'y en ait pas). C'est peut-être la combinaison du santal avec des matières résineuses et aromatiques (cyprès, myrte) qui abouti à cet effet.

Illustration : Le rêve par Henri rousseau

Commentaires

  1. De mon point de vue, le copahu que j'appelle plutôt copaïba possède en plus de tout ce qui a été fort bien décrit, une facette "aqueuse", qui me rappelle l'odeur de l'ozone sentie au contact de l'électricité statique, quand on passe par exemple sa main sur une vieille télé à tube cathodique pour ceux qui en ont fait l'expérience, un côté vaguement chloré un peu javel en moins désagréable.

    Pour les curieux, on le sent plus fortement dans le "Bois de Siam" à l'odeur très spéciale.

    Pour ceux qui s'intéressent aux molécules, à la chromatographie en phase gazeuse, leur point commun étant dans certains de leurs composants minoritaires que sont des sesquiterpènes particuliers comme le delta-cadinène les bisabolènes et les muurolènes, j'en déduit que ce sont ces derniers qui donnent cette facette olfactive commune.

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